GLOSAS
EN OTRAS LENGUAS
LA MÉDITERRANÉE, ANTIDOTE DE L' U.R.S.S.
Le Troisième Royaume (Le Monde, París, 1-X-1954)
Aix m'a fait docteur honoris causa… Oui. Cette ville, c'est l'italianité dans la Gaule barbare. Ici même, en Castille, il existe un exemple de ces villes, étendard de Rome, cést Medina de Rioseco, qui a reçu de l'Italie ses architectes et de la Bourgogne ses peintres. L'un d'eux était Juan de Juni, qui venait probablement de Joigny. Mais l'air de Méditerranée qu'amenèrent avec eux les Italiens a achevé dans cette Castille de disiper les derniers souvenirs saxons qu'auraient pu véhiculer les gens de la Bourgogne.
J'ai compris encore une fois a Rome le talent de cette Méditerranée à pacifier des sensibilités contraires.
En 1946 le congrès international de philosophie se tenait dans la salle des délibérations du Sénat italien. C'était le premier congrès international depuis 1914… Même des Allemandes s'y trouvaient. Seuls les Ruses en étaient absents, mais non les marxistes. Nous avons débattu sans nous entretuer… Dans une salle voisine on jugeait von Rundstedt qui s'était battu contre les Anglais. Des Roumains nous apportaient les nouvelles qu'ils avaient reçues du mouvement philosophique en Russie. Ils nous ont assuré que le marxisme officiel donnait en ce moment naissance à une sorte d'antimarxisme… D'après eux, Staline avait une très belle culture philosophique, et il plaisantait à toute occasion ce qu'il appelle les singeries des dialecticiens. On m'a assuré qu'il regardait d'un oeil intéressé le développement d'une métaphysique de la folie.
Cette recherche de la part de Russes ne m'étonne pas. La notion d'ordre et de finalité est purement méditerranéenne; il est normal que des Russes poussent la spéculation vers l'analyse de l'incohérence de l'univers et tentent de le justifier par la démonstration de sa réalité transcendentale. De toute façon je ne connaîtrai pas, s'il doit jamais venir, le temps de l'Etat communiste universel. Je serais content si seulement le dialogue était possible entre tous les hommes…
J'ai compris encore une fois a Rome le talent de cette Méditerranée à pacifier des sensibilités contraires.
En 1946 le congrès international de philosophie se tenait dans la salle des délibérations du Sénat italien. C'était le premier congrès international depuis 1914… Même des Allemandes s'y trouvaient. Seuls les Ruses en étaient absents, mais non les marxistes. Nous avons débattu sans nous entretuer… Dans une salle voisine on jugeait von Rundstedt qui s'était battu contre les Anglais. Des Roumains nous apportaient les nouvelles qu'ils avaient reçues du mouvement philosophique en Russie. Ils nous ont assuré que le marxisme officiel donnait en ce moment naissance à une sorte d'antimarxisme… D'après eux, Staline avait une très belle culture philosophique, et il plaisantait à toute occasion ce qu'il appelle les singeries des dialecticiens. On m'a assuré qu'il regardait d'un oeil intéressé le développement d'une métaphysique de la folie.
Cette recherche de la part de Russes ne m'étonne pas. La notion d'ordre et de finalité est purement méditerranéenne; il est normal que des Russes poussent la spéculation vers l'analyse de l'incohérence de l'univers et tentent de le justifier par la démonstration de sa réalité transcendentale. De toute façon je ne connaîtrai pas, s'il doit jamais venir, le temps de l'Etat communiste universel. Je serais content si seulement le dialogue était possible entre tous les hommes…